Né le 1er janvier 1920 et décédé le 25 décembre 2001, Alfred Tomatis fut un médecin ORL, un chercheur particulièrement intuitif et prolifique, inventeur d’une discipline l‘Audio-Psycho-Phonologie enveloppant une méthode à qui il a donné son nom – la méthode Tomatis ou l’audio-psycho-phonologie – qui depuis plus de 60 ans soigne, aide et rééduque des milliers de personnes à travers le monde dans le domaine de l’écoute, de la voix et de la communication.
Fils de chanteur, médecin réputé auprès des artistes lyriques (La Callas par exemple), il n’a eu de cesse d’enrichir son approche, au travers de ses expériences cliniques, de découvertes de plus en plus précises sur les liens entre l’oreille directrice et la voix, l’oreille et le langage, l’écoute et les apprentissages tant scolaires que des langues étrangères, l’écoute et la communication …
Inventeur infatigable, il créa un appareil électronique, véritable reproduction du fonctionnement d’une oreille humaine permettant de rééduquer la musculature de l’oreille moyenne à se tendre de façon idéale pour mieux écouter, se concentrer, mémoriser et utiliser son circuit audio-phonatoire le plus efficacement possible (placement de la voix, intensité, timbre). Cette rééducation s’effectue par un jeu de bascules électroniques et l’utilisation d’enregistrements analogiques de qualité de Mozart et de chant Grégorien entre autres.
Le rôle de l’oreille
Sans conteste, l’apport essentiel de Tomatis a été de souligner le rôle majeur de l’oreille dans ses trois fonctions principales : de charge, d’audition et d’équilibre. Trop souvent « oubliée » au profit des autres sens, (nous sommes dans un monde essentiellement visuel), l’oreille joue un rôle capital dans le développement de l’être humain. Terminée à 4 mois 1/2 de la vie intra utérine, elle permet déjà d’enregistrer de multiples informations, notamment dans la relation et le premier dialogue entre l’enfant et sa mère. De cette première communication découlera les relations futures de l’être avec son environnement, avec l’image qu’il se fera de lui-même, avec les autres …
L’oreille, le chant, le langage et la communication
Grâce aux nombreux chanteurs qu’il eut à rééduquer, il s’intéressa à toute la phoniatrie et la phonologie et s’introduit peu à peu dans le monde de la psycho-linguistique. Ayant ensuite étudié de façon approfondie la psychologie, il s’attacha de plus en plus aux problèmes du langage et de communication. Cela lui permit de créer toute une programmation complexe permettant de corriger l’oreille en permettant de faire un cheminement depuis la vie fœtale et de supprimer les blocages affectifs ou fermetures d’oreille, responsables de troubles futurs.
L’oreille et la dyslexie
C’est ensuite par hasard que Tomatis déboucha sur la dyslexie. En effet, étant au départ principalement occupé à rééduquer, en modifiant leur posture d’écoute, la voix chantée et parlée des patients, aussi bien enfants qu’adultes, il fut surpris par leurs commentaires en cours de rééducation, tous disant qu’ils lisaient mieux, d’une façon plus fluide, comprenant mieux et plus vite ce qu’ils lisaient et retenant mieux ce qu’ils avaient lu.
C’est ainsi qu’il se demanda : « est-ce qu’on lit avec son oreille », comme on parle et l’on chante avec son oreille. Il restait à corriger l’oreille par une programmation adaptée.
L’oreille et la communication
En effet, l’oreille est avant tout l’organe de la communication, de la relation avec les autres grâce à l’écoute et au langage aussi bien parlé, lu qu’écrit. Il faut se rappeler que la lettre est un son…
Dans toute démarche pour aider les enfants ou adolescents, il lui paraissait évident d’impliquer les parents afin de modifier peu à peu l’environnement et de « brancher toute la famille sur la même écoute ou longueur d’onde », tout en améliorant les relations enfant-parent. Ce point reste essentiel dans toute approche Tomatis si l’on souhaite que les résultats soient stables et durables.
Les champs d’application
Le champ des domaines qu’il abordait était ainsi vaste et varié mais avec toujours un vecteur commun : l’Oreille et ses possibilités de se tendre pour bien écouter.
En effet que l’on soit bègue, chanteur en mal de justesse vocale, dyslexique, jeune en difficulté de communication, musicien hyperacousique, grand-mère souffrant de troubles d’audition etc., le lien commun se retrouve dans le test d’écoute effectué lors d’un premier bilan. Ce test complet (qui n’est pas un audiogramme classique) permet de « lire » les distorsions de l’oreille dans des zones particulières : pour l’un les distorsions apparaitront dans la zone du langage parlé ou écrit, pour l’autre dans celle de la concentration, ou encore de l’énergie. Ce test permet également de déceler les défaillances du sujet sur le plan de l’écoute avec les contre-réactions qui ont lieu au niveau de la voix, du langage et du psychisme, blocages affectifs, angoisses anciennes ou fragilités de chacun.
Le bilan Audio-Psycho-Phonologique
Du premier bilan avec le test d’écoute, à la programmation des séances audio-vocales puis pendant la rééducation, le suivi des personnes en stage est fondamental. Les réactions et questions de chacun sont quotidiennes, les adaptations de programme suivent l’évolution du cheminement personnel en cours, et les exercices audio-¬vocaux pour rendre chacun maître de son contrôle audio-vocal, nombreux.
Ce suivi thérapeutique complet doit être fait par des consultants compétents, formés à l’audio-psycho-phonologie et aux techniques audio-vocales, expérimentés, à l’écoute et à cœur d’aider l’autre. Ces compétences sont indispensables et ne sont plus malheureusement toujours présentes depuis le décès du professeur Tomatis qui se chargeait lui-même de la formation et du suivi de ses collaborateurs. Il convient à chacun de se renseigner soigneusement avant d’entamer une démarche de rééducation.
Les critères d’authenticité pour se diriger vers un Centre, passeront par les résultats, les témoignages de personnes ayant été suivi dans ce Centre et le ressenti de chacun lors du premier contact.
Il est à préciser que les séances en analogique sont plus que préférables à celles en numérique car en effet le son des enregistrements de musique en « analogue » sont naturelles et identiques au son de la nature. Le son analogique procure vie, bien-être et énergie, il est en quelque sorte biologique. Le son numérique, même « amélioré » comme le prétendent certains restent un son découpé, métallique et que le système nerveux ne peut analyser. A la longue, il fatigue. Le résultat des séances en numérique est donc limité et chez soi, en attendant que les enregistrements analogiques qui ont déjà repris d’ailleurs, redeviennent accessibles à tous, nous vous conseillons de ressortir vos vieux disques vinyls ou d’en acheter et de retrouver ainsi une musique avec certes quelques craquements mais tellement plus dynamisante.
Pour terminer, nous pourrions dire que bousculant les idées reçues et les habitudes, Alfred Tomatis laisse à ceux qui veulent l’entendre et l’écouter un enseignement essentiel, riche et complet sur le rôle de l’oreille dans le développement de l’être humain et dans la structure de tout son corps.
Il aimait à dire que nous sommes une oreille en totalité et que le son s’adresse non seulement à l’oreille mais aussi à tout le corps. Ce qui rend d’autant plus important aujourd’hui de protéger l’oreille et le corps de toutes les agressions sonores qui se développent partout depuis des décennies. Les bouchons ne sont pas une solution ni suffisante, ni satisfaisante. Nous devons tous agir pour retrouver un niveau normal de décibels dans notre environnement quotidien pour pouvoir « fonctionner », vivre et penser normalement. Cf. la conférence de Tomatis à Neuchâtel « L ‘Enfer Sonore » (sur youtube).
En pratique et au quotidien, il apparaît essentiel de prendre soin de ses oreilles et de la qualité de la « nourriture sonore » que l’on peut leur offrir : musique mais aussi qualité de sa propre voix parlée et chantée et de la voix des autres, environnement calme …
La lecture à haute voix quotidienne reste un excellent exercice de stimulation des oreilles et de latéralisation.