Au cours des diverses investigations que le Professeur a eu à faire au début de sa carrière d’oto-rhino-laryngologiste concernant la voix chantée, il lui a été permis de mettre en lumière la prédominance d’une oreille sur l’autre dans les processus d’intégration du langage. Il a pu ainsi définir le rôle primordial que joue l’oreille directrice dans la visée du son, dans le contrôle de la chaîne parlée.
La théorie sur la latéralisation auditive qu’il avait pu émettre dès 1951 et qui a été vérifiée par une longue expérimentation par la suite dans le centre Tomatis à Paris, constitue, avec les trois lois Tomatis, l’un des fondements principaux de l’apprentissage linguistique, qu’il s’agisse de la langue maternelle ou d’une langue étrangère. Poursuivant ses recherches dans cette voie, il a pu démontrer par la suite que la régulation du langage se faisait uniquement par l’oreille droite. Celle-ci détenant toujours le rôle de l’oreille directrice pour le contrôle des différents paramètres du langage : intensité, timbre, intonation, inflexions, sémantique. Il s’agit là d’une constation importante pour l’intégration des langues.
L’oreille droite tient une place prédominant dans la phonation, et la droite prend une importance toute particulière. C’est elle qui dirige et organise toute la coordination phonatoire et tous les agencements musicaux. C’est elle qui joue dans le domaine du langage, un rôle primordial que l’oreille gauche ne saurait remplacer en aucune manière.
Plusieurs expériences ont permis de montrer qu’en supprimant avec des filtres, le contrôle de l’oreille droite d’un sujet, chanteur, musicien, comédien, ce dernier perd immédiatement le timbre de la voix ou de l’instrument, le tempo se ralentit, la conduite de la voix, du langage ou du morceau joué disparait.
En perdant le contrôle de l’oreille droite, des artistes de renommée internationale perdaient tous leurs automatismes sans pouvoir le contrôler.
La Callas est venue voir à un moment donné Tomatis pour lui demander de la rééduquer car elle sentait qu’elle avait perdu le contrôle de ses sons chantés par son oreille droite. Il est à préciser qu’elle ne connaissait pas les travaux de Tomatis ni ses théories sur l’oreille droite, mais sa sensibilité d’artiste lui permettait de reconnaitre une certaine fragilité de son oreille droite …
La sélectivité auditive introduit la notion de qualité, d’analyse, de finesse auditive à l’intérieur des bandes passantes spécifiques de chaque langue.
Après avoir constaté que, “s’il est vrai qu’un individu ne reproduit plus les sons qu’il n’entend plus”, le Professeur Tomatis a émis dès 1954 l’hypothèse de l’existence d’une certaine faculté de l’oreille à percevoir une variation de fréquences à l’intérieur du spectre sonore et à situer le sens de cette variation.
Au-delà de la sélectivité liée aux langues ou bandes passantes ethniques des troubles d’origines émotionnelles viennent très souvent bloquer cette faculté d’analyse. Vers l’âge de 10/11 ans l’analyse des sons par l’oreille devrait être totalement ouverte. Il suffit qu’un déménagement, un choc affectif, un problème dans la famille ou à l’école, une voix perçu comme agressante soient suffisant pour qu’un enfant décide de « se protéger » en fermant son oreille. Trop souvent, malheureusement, l’oreille restera fermée à l’age du problème. Nous pouvons détecter une débilité ou faiblesse d’ordre affectif si une rééducation de l’oreille n’est pas entreprise pour ré-ouvrir l’oreille.