C’est dans l’exercice de la médecine du travail qu’Alfred Tomatis a été conduit à émettre dès 1950 des hypothèses concernant les relations qui existent entre l’audition et la phonation, c’est à dire entre l’oreille et le langage. Ces trois lois sont à la base de la science de l’audio-psycho-phonologie.
En examinant des ouvriers atteints de surdité professionnelle par suite de longs séjours auprès de machines bruyantes, il a pu observer que les traumatismes de l’oreille étaient toujours accompagnés d’une déficience vocale. Il s’est alors demandé si l’audition défectueuese n’était pas cause de l’altération de la voix.
Une analyse plus fine des mécanismes ayant entrainé une diminution sensible de la perception auditive à l’égard de certaines fréquences lui a permis de constater que les fréquences non intégrées par l’oreille étaient justement celles qui étaient absentes du spectre vocal du sujet.
C’était la première loi énoncée de la façon suivante :
“ La voix ne contient que ce que l’oreille entend” ou, dans un langage plus scientifique, “le larynx n’émet que les harmoniques que l’oreille peut entendre.”
Dans une communication à l’académie nationale de médecine en séances du 4 juin 1957, Raoul Husson a repris cette étude sous le titre “modifications phonatoires d’origine auditive et applications physiologiques et cliniques”.
Cette première loi met donc en lumière le parallélisme frappant qui existe entre les courbes d’audition et les courbes d’émission vocale des sujets lésés.
La deuxième loi est en réalité le corollaire de la première. Elle s’énonce ainsi :
“Si l’on rend à l’oreille lésée la possibilité d’entendre correctement les fréquences perdues ou compromises, celles-ci sont instantanément et inconsciemment restituées dans l’émission vocale”
La troisième loi dite “ loi de rémanence” met en lumière la possibilité d’un conditionnement de l’auto-écoute entraînant, par réflexothérapie éducative, la modification de la phonation.
On peut l’énoncer ainsi :
“La stimulation auditive entretenue pendant un temps déterminé, modifie par un phénomène de rémanence, la posture d’auto-écoute du sujet, et par voie de conséquence sa phonation”.
D’une part le fonctionnement de l’oreille met en action les muscles modificateurs de la position ostéo-musculaire de l’oreille moyenne. D’autre part le système phonatoire agit sous l’effet de toute une série de muscles qui commandent le pharynx, la cavité buccale, la langue et les lèvres. Ces muscles de l’audition et de la phonation sont eux-mêmes contrôlés par un dispositif d’innervation appartenant au même règne neuronique.